TPE-PME éthique et durable : c’est possible
“L’économie du bien commun est avant tout une ambition, celle de faire en sorte que nos institutions économiques contribuent à l’intérêt général.” Jean Tirole 2014
L’entrepreneuriat est fréquemment représenté comme une pratique prédatrice, dont le seul objectif serait de maximiser ses profits. La presse se fait régulièrement l’écho de levées de fonds spectaculaires ou de contournements abusifs des lois et règlements sur le travail ou la concurrence. Quant à l’entrepreneur, il serait guidé par le seul appétit de pouvoir et un ego hors du commun. En un mot, entrepreneuriat fait rimer argent avec satisfaction personnelle.
Gagner et donner de l’argent sont généralement considérés comme deux opérations distinctes dans nos sociétés. D’abord vous devenez riche. Ensuite, vous devenez philanthrope et vous distribuer une partie de votre fortune.
Il existe cependant des comportements qui permettent de donner plus de sens à son action, de créer plus d’engagement de son environnement et d’avoir un impact positif sur le monde à court, moyen et long terme. Que diriez-vous de combiner entrepreneuriat et bien commun ? Prendre le meilleur de l’esprit d’entreprise et l’exploiter pour le bien commun ?
Quelles sont les bases de l’entrepreneuriat du bien commun ?
La vision avant le profit
Toute entreprise doit avoir pour vocation de servir une cause plus large que la simple maximisation du profit de ses actionnaires. Au démarrage, la majorité des entrepreneurs sont motivés par la passion et le désir de contribuer à la société. Il souhaite apporter une grande idée au monde et exprimer leur vision bien avant de rechercher du profit.Et puis un jour, la vision initiale semble s’étioler et le profit devient le but unique de l’entrepreneuriat.
L’entrepreneur doit alors se reposer la question de sa vision. Interroger sans complaisance ses motivations. Comment servons-nous le monde ? Comment pouvons-nous nous réinventer pour rendre notre entreprise plus positive dans son impact ? Comment apporter plus de valeur à toutes les parties prenantes ?
La satisfaction de toutes les parties prenantes comme fin en soi
L’entrepreneuriat du bien commun considère la satisfaction des besoins de toutes les parties prenantes comme une fin en soi et non pas simplement comme un moyen d’en satisfaire une catégorie prioritaire. La différence essentielle réside dans la recherche systématique et sincère de synergies entre toutes les parties prenantes, plutôt que dans la recherche de compromis.
Dans une vision traditionnelle, un bon entrepreneur est celui qui sait trouver les compromis qui profitent prioritairement aux actionnaires devant les autres parties prenantes… et lorsqu’on cherche un compromis, on le trouve toujours !
La vision de l’entrepreneuriat du bien commun est différente. Intégrer les parties prenantes ne signifie pas chercher un compromis, mais utiliser la capacité d’innovation et d’initiative de chacun. Il s’agit d’entreprendre pour le bien de tous les acteurs en rassemblant leurs intérêts dans le même sens. Il faut fonctionner dans le mode “ET” plutôt que “OU”.
La co-construction d’une culture du bien commun
Être un entrepreneur du bien commun signifie aussi, développer intentionnellement une culture au service de sa mission et de sa vision. Une culture qui favorise l’indépendance, la confiance, la responsabilité et l’ouverture, à l’interne comme à l’externe. Une culture où ces valeurs communes ne sont pas de simples mots affichés sur des supports de communication ; mais s’incarnent dans chaque interaction et chaque acte de la vie quotidienne.
Il faudra alors créer une dynamique de collaboration et une structure adaptée pour catalyser et faire naitre un apprentissage partagé, dopant ainsi la capacité du collectif à innover et à créer plus de valeur sociale.
La transformation de l’entrepreneuriat égo-centré vers celui du bien commun
L’entrepreneuriat ne doit pas être considéré comme une entité distincte du reste du monde qui ferme les yeux sur les difficultés de l’humanité, ignore le sort des générations futures et se concentre exclusivement sur son succès individuel immédiat. Il est possible de s’engager pour le bien commun.
Pour cela, la première responsabilité est de chercher à croitre en interagissant avec les autres. Apprendre, grandir et se transformer nécessite du courage. Car il s’agit d’accepter de se remettre en cause quotidiennement. Remettre en question ses certitudes et se faire face. Faire face à ses propres peurs et ses limites. Nous interroger sans complaisance sur le sens profond de notre action personnelle dans le monde, sur la vision de l’entrepreneuriat que nous menons.
Il faut voir l’entrepreneuriat comme une communauté de créateurs, d’investisseurs, d’industriels et de chercheurs. Pour cela, l’entrepreneur doit se montrer plus ouvert sur ses objectifs, plus responsable et transparent envers les autres. Ainsi il pourra jouer le rôle de catalyseur d’innovation, plutôt que celui de prédateur de marché.